Émerveillée par la beauté d'un ciel limpide, une femme invita son époux à la rejoindre et à admirer l'azur. Bientôt, tous deux contemplèrent l'horizon où nulle ombre ne brisait l'harmonie. Tout paraissait si léger ! Était ce dû à la luminosité ou à un phénomène plus subtil ? Ils sentaient confusément que cette quiétude n'était qu'apparente et qu'ils devaient absolument se souvenir de ces instants si précieux. Ils pressentaient que, sous peu, une vague allait surgir de nulle part et tout emporter. Pour l'heure, le silence régnait. Un silence plaisant et inquiétant à la fois : était-ce le signe annonciateur d'une catastrophe ?
Bientôt, des nuages sombres s'amoncelèrent et recouvrirent le bleu du ciel d'un voile obscur, de plus en plus épais. Le tonnerre retentit et ses roulements furent si assourdissants que le couple courut se mettre à l'abri dans sa demeure. Par une petite ouverture, l'homme et son épouse assistèrent, épouvantés, au chaos qui emportait la terre vers des abîmes insondables. Tout était retourné, renversé, et sous leurs yeux ébahis passèrent d'énormes troncs d'arbres, soulevés par la tourmente tels des fétus de paille. La férocité des éléments déchaînés était si impressionnante qu'ils crurent un instant que leur maison allait être arrachée à ses fondations. Le vent hurlait si fort dans les ténèbres qu'ils furent obligés de se boucher les oreilles. Était-ce la fin du monde ? Mais, aussi soudainement que la tempête était apparue, tout redevint calme, apaisé, silencieux. Comme par une belle matinée de printemps, le ciel recouvra sa clarté et une douce quiétude s'installa progressivement.
Sortant alors de chez eux, l'homme et la femme ignorèrent les effets dévastateurs de la tornade mais tournèrent leur regard vers un phénomène étrange qui se déroulait au-dessus de leurs têtes : un petit point lumineux était apparu et il grossissait au fur et à mesure qu'il pénétrait l'atmosphère. Les gens abandonnèrent même leurs ouvrages pour contempler le miracle qui transformait l'azur du ciel en voûte dorée. L'important n'était plus de rebâtir, reconstruire le monde mais de se laisser pénétrer par cette énergie puissante et illimitée, venue de l'Empyrée. Bientôt, il se mit à pleuvoir une poussière d'or qui releva ce qui était tombé et redressa ce qui était tordu.
Alors la femme dit à son époux : " Le signe que nous avons attendu toute notre vie, le voilà enfin ! La manne céleste nourrit désormais nos esprits et la Lumière nous remet sur le chemin de la verticalité ! Le retour du Sacré va transformer à tout jamais nos existences ! "
Et c'est ce qu'il advint, car l'humanité avait enfin compris que la Joie se tenait entre Ciel et Terre.
COMMENTAIRE
Ce conte a été donné à un couple d'amis (Marie Agnès et Michel) qui voulait avoir un aperçu de l'avenir de l'humanité (j'ai mis de côté des éléments trop personnels). Celui-ci se déroule en trois phases distinctes :
1° Calme et silence,
2° Destruction massive,
3° Reconstruction grâce à l'arrivée d'un phénomène puissant et surnaturel.
Je ne ferai pas de vaines prédictions par rapport à ce qui est dit dans ce message mais, toutefois, on peut y voir une très nette relation avec ce que nous vivons actuellement. En effet, le confinement a été pour nous tous une source de silence, de contemplation et de raccord avec soi-même (enfin je l'espère...). La deuxième phase paraît plus problématique. Elle n'est pas encore arrivée mais il est facile de concevoir ce qui peut advenir, dans un futur proche, pour nos sociétés... Passons l'été tranquillement et attendons l'automne, il s'annonce à haut risque (chômage massif, guerre, effondrement économique ?)...
Je voudrais plutôt m'arrêter sur deux éléments du conte, donnés dans la phase 2, particulièrement intéressants : que représentent les arbres arrachés ? Et pourquoi est-il important de "se boucher les oreilles ?"
Nous sommes en 2020 et dans le Tarot de Marseille, la lame 20 s'appelle "le Jugement". Mais regardons dans un premier temps un détail de la carte numéro 5 "Le Pape" :
Deux moines se tiennent en adoration devant le Pape, or, un élément de la scène doit nous interpeller : celui de gauche porte sur son dos un bonnet bleu. Le bleu est la couleur de la spiritualité.
Intéressons-nous maintenant au "Jugement" :
Un homme nu, sorti tout droit des Enfers, dépouillé de tout, porte sur sa tête un bonnet bleu... Tiens, le même que le moine ? Quelle est donc la relation entre les deux ? Le personnage dans la lame du "Pape" est à genoux devant un symbole de l'autorité, il est dans le dogme. Il possède bien une part de spiritualité mais n'en détiendra jamais la totalité car il est plus dans la doctrine que dans la Foi véritable. Il porte ses croyances sur son dos comme un fardeau et aura bien du mal à intégrer pleinement la Lumière.
Par contre, l'homme nu, de dos, sur la lame du "Jugement" s'est libéré de ses croyances limitantes et a accepté les épreuves de sa condition. N'est-il pas descendu dans l'enfer de la matière ? Mais il en est revenu victorieux car débarrassé de toute allégeance. C'est un être libre. Pour cette raison, il porte le bonnet sur la tête ! Les deux personnages auprès de lui représentent le temps -la jeunesse et la vieillesse- mais lui se tient au milieu des deux : il a réalisé totalement sa verticalité, redressé son axe intérieur et n'est donc plus soumis au cycle incessant de la vie et de la mort !
L'arbre arraché par le vent est justement le symbole de cette verticalité, que nous avons perdue depuis bien longtemps... Pour quelle raison ? Trop de bruit, trop d'informations, de sollicitations, trop d'agitation... Il est donc essentiel de "se boucher les oreilles" ! C'est la condition essentielle pour qu'il y ait retour d'une énergie nouvelle que l'on pourrait nommer Christ, Mahdi, Messie, suivant les différents courants religieux, le rédempteur eschatologique qui montrera aux hommes un nouveau chemin... Le temps de l'Apocalypse est venu mais avons nous mérité de recevoir enfin la Connaissance Suprême ?
Malheureusement, non. Les médias nous ont abreuvés jusqu'à l'indigestion de nouvelles, plus alarmantes les unes que les autres et ce 24 h sur 24 ! Alors que nous avions l'opportunité de retrouver le chemin de la Foi et de l'Espérance -et par là même de faire silence- qu'avons nous fait ? Sur les réseaux sociaux, il y a eu le même flot en continu d'informations tout aussi anxiogènes (vaccins, gouvernement mondial, 5G, etc.) qui ont fini par nous détourner, de la même manière, de l'essentiel : raccorder à notre nature profonde, celle de l'être divin que nous sommes... Et je peux en parler en toute connaissance de cause, puisque je suis aussi tombée dans ce piège ! Nous avons élu de "nouveaux papes" que nous suivons aveuglément mais ils sont tout autant dans le dogme que ceux qu'ils dénoncent ! Retrouver notre verticalité est une nécessité majeure sinon une deuxième vague nous frappera -plus violente que la précédente- jusqu'à ce que nous nous réveillions enfin...
Alors que faire ? Le conte le dit explicitement : ignorer la tornade et ses effets dévastateurs et tourner son regard vers le Très Haut... Cela ne veut pas dire rester les bras ballants devant ce monde en perdition mais lui apporter un élément supplémentaire, celui d'une révolution spirituelle. Dans le conte, il est question de "retournement". Retournement de la conscience, retournement de la vision. Il faut identifier l'essentiel, oui, mais comment ? A l'instar de la lame le "Jugement", l'année 2020 nous offre l'occasion de nous mettre à nu, de nous dépouiller de l'inutile. Pour y parvenir, il faut être "silencieux, immobile et aligné" (Patrick Burensteinas). Ainsi, notre arbre intérieur retrouvera sa verticalité. Seule condition pour que le Ciel puisse opérer un miracle, celui de nous ramener à notre état originel, avant la Chute... L'Ombre va t-elle le permettre ? La réponse nous appartient, à nous de faire les bons choix...
OUEST AMÉRICAIN (Photo de l'auteure).