Dans un pays de neige et de froidure, un homme perdit un jour un être cher. Grande fut sa peine, mais loin de s'appesantir sur son triste sort, il décida que de la mort de sa bien-aimée allait surgir un nouveau germe.
Quand il annonça à son entourage ce qu'il désirait faire, tous se dirent que la douleur venait de lui faire perdre l'esprit.
L'homme s'occupa lui-même de la toilette de son épouse, lui brossa les cheveux et la para de sa plus belle robe. Satisfait, il déposa sur sa joue, devenue froide, un baiser et s'en alla sans se retourner une seule fois.
Il marcha droit devant lui, traversa une sombre forêt, longea une rivière poissonneuse et se retrouva bientôt face à l'escarpement d'une montagne. Tout le versant était recouvert d'une épaisse couche de glace et c'est exactement ce que l'homme était venu chercher. Avec célérité, il découpa un énorme bloc transparent et le le traîna, tant bien que mal, jusque devant la porte de sa demeure. Quand il commença à tailler, dans la masse aux arêtes vives, la forme d'un cercueil, tous pensèrent que le chagrin l'avait conduit à la folie. Mais l'apprenti sculpteur ne se laissait aucunement influencer par tous ces commérages et sa tâche, loin de se ralentir, redoubla d'intensité. Quand son oeuvre fut achevée, il rangea ses outils et alla chercher le corps de la défunte. Avec d'infinies précautions, il le déposa dans son ultime berceau.
Des gens bien intentionnés, au vu de cette surprenante réalisation, lui firent part de leurs doutes et de leurs objections :
"Est-ce ainsi que tu manifestes ton attachement à celle qui n'est plus ? Avec le retour du printemps, la montée de la sève, la terre qui doucement se réchauffe, comme il sera fragile et dérisoire le rempart de glace que tu offres à ta compagne !"
Mais l'amoureux n'avait cure de tous ces jugements, il espérait et voilà tout. L'hiver fut rude,le vent glacial et le froid si vif qu'il tourmenta les hommes jusqu'au plus profond de leurs âmes. Parfois une éclaircie, un rayon de soleil furtif et la joie habitait à nouveau tous les coeurs. Mais elle fut, cette année là, de courte durée. Car aux frimas de l'hiver, succéda une chaleur torride à la limite du supportable. Dans les champs, plus rien ne poussait si ce n'est que quelques herbes chétives. Or, un peu à l'écart dans le cimetière, un étonnant coin de verdure. C'est à cet endroit précis que reposait la bien-aimée et malgré la sécheresse, des fleurs odorantes tapissaient sa tombe sans jamais se flétrir.
Ô combien est heureux l'époux devant tant de merveilles ! Ainsi son espérance n'était point vaine : de l'amour sans cesse renaît l'amour et derrière l'éphémère se cache l'éternité.
COMMENTAIRE
Ce conte a été donné à un ami magnétiseur qui se posait beaucoup de questions par rapport à la vie. Quel sens lui donner ? Et quelle signification aux événements, heureux ou malheureux, que nous rencontrons tous, un jour ou l'autre ?
La réponse paraît ici, évidente. La vie n'est faite que de cycles éphémères qu'il faut apprendre à traverser, sans jamais s'y accrocher. A partir de là, on peut récupérer notre pouvoir créateur et transformer notre destin afin qu'il devienne "une merveille".
LAOS (Photo de l'auteure).
PS : J'ai posté les commentaires manquants dans les précédentes publications. Par contre, je ne rajoute plus de pistes de réflexion, vu qu'elles suscitent peu de commentaires. Bonnes fêtes de la Toussaint !!!!!