A l'époque où Bouddha dispensait son enseignement, il était suivi et adulé par bon nombre de disciples. Tous l'écoutaient avec dévotion et tentaient d'appliquer à la lettre ses préceptes.
Or, parmi tous ceux qui l'accompagnaient, il se trouvait un jeune homme dont l'attitude était pour le moins étrange, puisqu'il manifestait un profond ennui. Ses compagnons doutaient de la sincérité de ses convictions et le méprisaient. Mais il n'en avait cure et continuait de suivre son Maitre, puisque ce dernier appréciait sa présence.
Un jour, alors que Bouddha et ses fidèles traversaient un modeste village, le disciple récalcitrant rencontra une jeune fille d'une grande beauté et, aussitôt, son coeur s'enflamma. Il n'eut aucune difficulté à séduire la belle, car elle l'attendait depuis toujours.
Pour le jeune homme, l'heure était venue de suivre sa propre route. Mis au courant de la situation, le Maître lui offrit aussitôt la liberté.
Les disciples ricanèrent et demandèrent en choeur : "Ô Bouddha, est-ce parce qu'il est le plus mauvais de vos élèves que vous le déliez si facilement de son engagement ?"
Et le Maître de répondre : "Détrompez vous, c'est parce qu'il est le meilleur."
Tous se regardèrent avec stupéfaction mais Bouddha, devançant leurs interrogations, ajouta :
"Lui seul n'a pas triché."
COMMENTAIRE
Ce conte a été donné à une personne qui cherchait sa voie spirituelle, mais à l'extérieur d'elle même. Sur ce chemin, on est souvent confronté aux illusions. Et, pour cette raison, on la met en garde : attention de ne pas tricher !
Dans ce message, qui est le véritable tricheur ? Celui qui exprime son authenticité, sans jamais mentir, ou celui qui méprise son prochain, tout en se glorifiant de suivre un enseignement spirituel ? A l'heure du choix, le véritable disciple optera sans hésitation pour sa propre vérité sans tomber dans le piège de la dévotion excessive, du conditionnement ou du dogme. Le jeune homme, lui, a rencontré "sa belle", c'est-à-dire sa part divine, il est donc "libéré ".
Dans ce conte, le Maître sait distinguer le vrai du faux. Il sait que l'accomplissement spirituel ne pourra être trouvé qu'en vivant l'amour dans la simplicité du quotidien. Et non en "appliquant à la lettre des préceptes ". "Malheur à celui qui prend la lettre pour l'Esprit !". Une mise en garde toujours d'actualité...
Rabbi Akiba, grand kabbaliste, fut le seul convié au Paradis, non pas parce qu'il était un grand connaissant, mais parce qu'il aimait sincèrement son épouse... A retenir...
CHICAGO (Photo de l'auteure).