Quand les lilas se mirent à fleurir en plein hiver, nul n’y prit garde. Quand les abeilles ne récoltèrent plus le pollen, nul n’y prit garde. Quand les oiseaux s’arrêtèrent de chanter, nul n’y prit garde. Quand la terre ne porta plus le grain, nul n’y prit garde.
Mais quand les enfants des hommes commencèrent à tomber malades, tous prirent peur. Et quand l’argent devint aussi stérile et infécond que le sable du désert, tous tremblèrent d’effroi.
Nul ne trouva de solution à ce profond mystère et, de désespoir, une poignée d’hommes décida d’aller voir un maître vénérable qui se tenait au sommet d’une haute montagne.
Ils furent accueillis avec méfiance, mais si grande était leur désespérance, que le sage, avec bienveillance, leur prêta attention.
« Que devons nous faire, ô Seigneur ! afin que les grâces du Ciel nous soient à nouveau accordées ? Prier, chanter les louanges du Divin, se mettre à genoux ? Aidez nous ! Venez à notre secours !»
La réponse ne vint pas tout de suite mais quand, enfin, le maître se décida à parler, il déclara sobrement:
« Vous voulez sauver votre monde et vous sauvez vous-même ? C’est simple : FAITES SILENCE." »
Tous ne saisirent pas l’exacte portée de la sentence, mais ceux qui en comprirent le sens, surent, désormais, quelle voie suivre pour que l’humanité toute entière trouve enfin grâce et rédemption.
COMMENTAIRE
Ce conte a été donné, il y a quelques années, à un couple d'amis et si je le poste aujourd'hui, c'est qu'il est toujours d'actualité. Prémonitoire ?
PISTE DE REFLEXION
Les abeilles ont disparu à 90% dans certaines régions et la population adulte (celles âgées de trois semaines) ayant été exterminée, ce sont les jeunes abeilles (âgées d'une semaine) qui prennent la relève et, comme elles n'en ont pas la force, elles meurent à leur tour. Si elles disparaissent définitivement, ce sera la famine à grande échelle et, que l'on soit juif, musulman, chrétien, noir, blanc ou jaune, etc... la souffrance sera égale pour tous. Le silence des "merdias" est assourdissant et nous sommes noyés sous des informations qui n'apportent aucune réponse, mais que des questions insolubles. Brasser du vent pour récolter la tempête...
CHICAGO (Photo de l'auteure).