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Dans le secret de sa demeure, une femme préparait des baumes, des pommades et des onguents. Le parfum qui s’en dégageait était si suave que les passants, attirés par ces effluves, la questionnaient à l’envi :
« Dans quel dessein confectionnes-tu ces préparations ? Et comment fais-tu pour si bien capter les essences de rose, de lys et de violette ? »
« Bientôt, répondit-elle, je vais recevoir un invité de marque et je voudrais l’honorer comme il se doit. »
On s’étonna de sa réponse, car la femme était plutôt discrète et on ne lui connaissait point de fréquentations. Et pourtant, un jour, il arriva.
L’homme était d’une grande beauté mais une beauté qui irradiait de l’intérieur. Il était vêtu simplement d’une longue robe blanche. Il s’avança vers son hôtesse qui l’espérait depuis toujours, et avant même qu’elle puisse prononcer une parole, il la remercia.
« De quoi Maître ? Je n’ai encore rien fait pour vous. »
« Pourtant, je sens ici des parfums enivrants. »
Rougissante, la jeune femme ouvrit la porte de sa demeure en grand et eut l’impression de recevoir, non pas un simple mortel, mais la Lumière elle-même.
« Que puis-je pour vous ? » demanda t-elle. Et voyant qu’il souriait, aussitôt elle alla chercher une bassine d’eau pour lui laver les pieds. Puis les séchant à l’aide de sa longue chevelure d’ébène, elle les massa ensuite longuement, avec des pommades et des onguents.
« J’étais si las et fatigué de parcourir les routes et les sentiers ! » s’exclama le Maître. « Combien grand est le réconfort que tu m‘apportes ! »
« Je pourrai encore donner plus ! » rajouta vivement la jeune femme.
Bientôt, les voilà autour d’une table à partager simplement le pain et le vin. L’un nourrit et l’autre procure l’ivresse. Les retrouvailles de deux amis, voilà la meilleure définition de ce qui se passa cette soirée. Ils parlaient longuement à tour de rôle mais le plus souvent, un regard échangé suffisait à la compréhension.
Bientôt l’homme signifia l’heure de son départ. Mais avant de partir, il déclara à son interlocutrice: « Bénie sois-tu pour tous les bienfaits que tu m’as apportés. En remerciement, je voudrais qu’un jour, à ton tour, tu puisses enseigner. »
Humblement, la femme acquiesça. Alors, le maître la serra sur son coeur et sans un geste de plus, déclara : « Va, maintenant. »
Lorsqu’il s’éloigna à tout jamais, la femme sentit en elle une profonde déchirure, mais l’Amour désormais était présent et ne la quitterait plus. Elle continua de fabriquer ses baumes, ses pommades et ses onguents car, ses préparations, elle le savait, sublimaient la vie et servaient l’humanité. Mais surtout, le servaient Lui, la Lumière.
Et quand enfin, elle fut prête, Marie Madeleine put enseigner ce que son Maître lui avait transmis et tout était contenu dans un seul mot : « AIME ».
COMMENTAIRE
Ce conte a été donné à une proche amie, qui est une personne délicieuse, pleine de bonté. Je trouve que ce conte lui convient tout à fait, car elle est la douceur incarnée. Qu'elle m'excuse par avance de ce commentaire élogieux, je ne suis pas sûre que son humilité le supporte...
PISTE DE REFLEXION
Pourquoi Marie Madeleine est elle la patronne des parfumeurs et des gantiers ? Et pourquoi est-elle supposée libérer les prisonniers ? Quel est donc ce parfum enivrant et d'où vient il ? Est-il facile d'aimer ?
MON JARDIN (Photo de l'auteure)
L'invité