Je remets en avant cet article, que j'avais posté en 2014, pour les nouveaux lecteurs. Joyeuses fêtes à tous !
(Mon article a été publié en 2009 dans la revue "TOP SECRET")
Ce monument, pour le moins énigmatique, est d'une grande beauté. Mais d'une beauté inaccessible puisqu'elle se situe... le long d'une autoroute et à moins d'être suicidaire, il n'est guère possible de s'en approcher.
A cet endroit, les voitures roulent au maximum de la vitesse autorisée et rien n'est prévu pour s'arrêter et admirer l'ouvrage d'autant que l'aire la plus proche est située à deux kilomètres. Pourtant, ici, tout est remarquable : quatre murs de pierre (deux de chaque côté de l'autoroute) construits à l'identique de l'entrée du Temple de Louksor en Egypte et décorés d'animaux en marbre blanc : un cheval, des poissons, un cerf et j'en passe... Mais le plus surprenant ce sont quatre énormes tortues de bronze surmontées d'obélisques sculptés au pied de chaque muraille.
Impossible de passer sans voir, vu la grandeur du site mais ce qui est vraiment intrigant c'est la pauvreté de la mise en valeur. A peine un vague panneau, aucune explication sur l'auteur, son but et plus surprenant, aucun moyen de voir l'édifice de près. Quand on connaît l'ego de certains artistes ou les délires mégalomaniaques de certains de nos élus, il y a de quoi surprendre.
L'œuvre s'appelle "Les Portes de la vallée du Lay". Par homophonie, le nom du lieu fait immanquablement penser aux "leys" c'est-à-dire aux lignes du réseau tellurique qu'utilisaient autrefois les sourciers, mais aussi à la voie lactée. En cette vallée s'assemblent deux cours d'eau qui se rejoignent en amont. Le premier prend sa source à Saint Pierre du Chemin et l'autre à Saint Michel Mont Mercure. Ce village est le seul en France à associer dans son nom un culte chrétien et un culte païen. Autrefois, on y adorait le dieu gaulois Lug. La région était souvent attaquée par les Vikings et c'est pour cette raison qu'on y trouve encore des souterrains creusés par les habitants pour se protéger des envahisseurs.
L'œuvre se situe près de la ville de Sainte Hermine. A l'origine, l'église du bourg était dédiée à Sancti Hermetis, ce qui est loin d'être commun. Il y avait une baronnie très importante et un des seigneurs était descendant de Hugues X de Lusignan (Eustache de Lusignan). La deuxième branche de cette noble famille a tout de même donné un roi de Jérusalem : Guy de Lusignan. D'après certaines traditions ésotériques, c'est parmi les descendants de la famille Lusignan que devrait naître le futur Grand Monarque...
Mais ce n'est pas tout : Sainte Hermine n'est-elle pas la fille de Dagobert II, dernier roi mérovingien ? Celle-ci aurait -d'après la légende- sauvé son jeune frère Sigebert IV et ensuite l'aurait caché en toute sécurité dans la région de Rennes-le-Château. Il faut aussi noter, qu'à Niort, ville toute proche, il existe une importante nécropole mérovingienne. L'endroit est donc loin d'être anodin.
Par ailleurs, quand on veut aller de Nantes à Rennes-le-Château par l'autoroute, on ne peut guère éviter la vallée du Lay et sa monumentale construction. Intéressons-nous maintenant à l'auteur : pour connaître son nom, il faut avoir de bons yeux car c'est à peine si l'on remarque le petit panneau, installé dans le sens Niort-Nantes, à hauteur des herbes folles le long de l'autoroute. "Sculpteur THEIMER". C'est on ne peut plus bref. Etonnant pour un artiste célèbre dans le monde entier et qui serait en droit de demander un peu plus de considération pour son œuvre...
Qu'on en juge seulement par sa création à Bordeaux, place de la Victoire, quartier Saint Michel (tiens, tiens, encore lui...) près de la gare Saint Jean (?) et de la Cathédrale Saint-André et à l'extrémité de la rue Sainte Catherine. On peut dire que l'endroit a été finement choisi pour y édifier un obélisque d'inspiration égyptienne et deux tortues de bronze que "les enfants ont spontanément adoptées comme compagnons de jeu" (sic). Quand aux adultes "ils passent leur temps, le doigt pointé vers le haut, à scruter les détails de l'obélisque". C'est un des lieux les plus fréquentés de la ville où se déroulent spectacles et concerts.
Alors, dans le cas qui nous intéresse, pourquoi une œuvre aussi élaborée le long d'une autoroute ? A suivre...