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D'un pas vif, une femme se pressait afin d'arriver chez elle avant l'heure de midi. Or voilà, que dans un tournant de la route, elle tomba sur un spectacle bien désolant : un carrosse venait de glisser dans un fossé et les passagers avaient beau s'escrimer à le sortir de l'ornière, leurs efforts demeuraient vains. Il faut dire qu'habillés comme des princes, ils étaient empêtrés dans leurs costumes coûteux et avaient bien du mal à se mouvoir. Quant à leurs malheureuses compagnes, elles gémissaient à fendre l'âme car la chaleur était accablante et leur soif, ardente.
La jeune femme tenta bien de les aider mais peine perdue. Alors que son courage s'amenuisait, elle aperçut au loin des paysans travaillant dans un champ. Toutes affaires cessantes, elle décida de quémander leur aide.
Ils étaient si absorbés par leur ouvrage qu'ils ne la virent même pas arriver. Quand elle s'adressa à eux, ils lui lancèrent un regard contrarié. Sollicitant leur bienveillance, elle les pria de l'accompagner afin qu'ils puissent unir leurs forces avec celles des infortunés passagers. Mais les paysans ne l'entendirent point de cette oreille et refusèrent tout net : " Les secourir ? Vous n'y pensez pas belle dame ! Vos nobliaux n'ont point eu d'égards pour nous quand nos ventres criaient famine et que nos enfants perdaient la vie ! Égoïstes, vindicatifs, capricieux, ils n'ont d'intérêt que pour leur propre sort, alors qu'ils se débrouillent !"
Ce disant, ils se remirent derechef à leur ouvrage. Dépitée, la jeune femme retourna sur ses pas. C'est alors qu'elle aperçut deux magnifiques chevaux à l'ombre d'un bosquet. S'étonnant de cette situation incongrue, elle interpella les hommes trempés de sueur qui s'échinaient toujours à régler leur problème, mais sans grand succès :
"Que font là ces deux montures ? Ne peuvent-elles pas vous aider à régler votre mésaventure ? N'étaient-elles pas attelées à votre véhicule ?"
Avec étonnement, les passagers du carrosse regardèrent la jeune femme et s'exclamèrent en chœur : " Nous les avons protégées du soleil ardent en les installant à couvert sous un un arbre et nous les avons oubliées comme nous avons oublié leur aide si précieuse ! "
Aussitôt, on détacha les deux chevaux et on les mit derechef à contribution. Avec grande aisance, ils sortirent l'attelage du fossé où il était enlisé. Assurément, cette jeune personne devait être l'envoyée du Ciel pour dénouer si facilement cette affaire !
On voulut la remercier mais elle avait déjà disparu au détour du chemin. Chacun doit être maître de son destin et il est plus sage de ne jamais attendre de récompense sous peine de sombrer à nouveau....
COMMENTAIRE
Ce qui est décrit dans ce conte c'est le destin de l'humanité qui va se fracturer en deux : on pourrait dire comme Jean de la Fontaine, les rats des champs d'un côté et les rats des villes de l'autre... Peu importe sur quel versant on se tient, l'essentiel est d'être guidé par le "cheval", la "cabale" hermétique, la Connaissance cachée "si précieuse" ou plutôt si près des cieux... Si l'humanité oublie la science secrète et sacrée mise "à couvert" dans l'ombre, elle ne connaîtra jamais le plein midi et disparaîtra à tout jamais... Dès lors, mieux vaut rester sur la voie du juste milieu et faire confiance à son Guide intérieur...