Oh ! Combien l'humble paysan aimait l'odeur de sa terre quand il passait sa charrue ! Elle exhalait alors un doux parfum d'herbe mouillée, de musc et de pétrichor. Le matin, heureux et content, il partait tracer ses sillons en compagnie de son vieux cheval, toujours aussi vaillant malgré le poids des ans. Le soleil était à peine levé que l'homme déjà était à la peine et travaillait avec ardeur.
Au début, il n'y prêta pas attention, tant il était absorbé par sa tâche et ne perçut la présence de l'oiseau que sur les coups de midi. Il était là, impassible, dardant de son œil brillant le paysan et son cheval. C'est à peine s'il se poussait quand le soc de la charrue l’effleurait.
"Que voilà un brave compagnon !" songea l'homme. Il sourit à l'idée que le corbeau pouvait être un protecteur et que, de fait, ses moissons allaient être protégées. Hélas ! Il se trompait et dès le lendemain il en fit l'amère expérience. Portant sur son dos, un sac de graines en vue de les semer, il découvrit avec effarement son champ dans un piteux état : les sillons rectilignes avaient tous disparu pour laisser place à une terre boueuse et désordonnée. Mais le brave paysan ne manquait pas de courage et aussitôt, il se remit à l'ouvrage, traçant des sillons bien droits. Venu de l'horizon, l'oiseau apparut à nouveau et nargua le malheureux en tournant autour de lui pour l'empêcher de terminer son oeuvre. Mais l'honnête homme était tenace et ne se laissait pas facilement impressionner. Au crépuscule, tous les sillons étaient tracés et s'alignaient parfaitement les uns avec les autres.
Au bout du troisième jour, l'affaire s'envenima car, à nouveau, le paysan découvrit que tout son travail avait été anéanti pendant la nuit. Le corbeau était là et tournoyait en croassant frénétiquement. L'homme finit par soupçonner qu'il ne devait pas être étranger à sa mésaventure et, d'un geste impatient, le chassa sans ménagement.
Après cet épisode, l'oiseau ne réapparut pas et l'homme se crut libéré de sa malveillance. Il put même semer son blé et voir avec satisfaction de tendres tiges apparaître.
Mais un jour, alors que le blé commençait à mûrir, le corbeau fut de retour et, cette-fois ci, il n'était pas seul. Une nuée d'oiseaux l'accompagnait et, en un instant, le champ fut dévasté. Quand le paysan découvrit le désastre, il sentit en lui la colère monter mais serrant les poings, il ravala ses larmes rageuses.
Au final, loin d'être abattu, le paysan conçut un stratagème. Incapable de se mesurer avec la multitude de ses adversaires, il entreprit de glaner quelques grains de blé bien dorés qui jonchaient le sol. Et se contenta de rentrer chez lui pendant que les oiseaux tourbillonnaient au-dessus de sa tête pour l'éloigner de son territoire.
Chaque jour, invariablement, il revenait dans son champ et ramassait des grains de blé, après les avoir longuement soupesés, triés, ne gardant que les plus beaux. Puis rentrait chez lui. Les oiseaux, eux continuaient de former des vagues noirâtres, agitées par un mouvement uniforme, afin de masquer totalement l'or du blé.
Invaincu, l'homme revint un jour avec, sous son bras, un pain bien rond et bien doré. Un pain fait de farine issue des grains qu'il avait soigneusement ramassés avec autant d'amour que de ténacité. Il déposa la miche au milieu des volatiles qui, confondus par tant de fermeté, s'envolèrent à tire-d'aile.
A la stupéfaction du paysan, au fur et à mesure que les corbeaux rejoignaient le ciel, leur plumage d'un noir profond se mua en un plumage d'un blanc immaculé. Une foi intangible peut faire bien des miracles...
COMMENTAIRE
Au vu des évènements récents, j'ai demandé aux HE-Veilleurs un conte pour l'humanité et c'est celui-ci que j'ai reçu. Ma première impression fut que ce message n'avait pas vraiment de relation avec la situation actuelle. Ce en quoi je me trompais car après une relecture assidue, j'ai fini par comprendre ce qu'ils voulaient nous transmettre.
Nous vivons une fin de cycle et nous en démarrons un nouveau pour 13 000 ans. Nous n'avons pas le droit à l'erreur ! Il convient, dès lors, de tracer notre sillon bien droit mais les "ténèbres" nous en empêchent en menant une guerre d'usure. Comment remporter la victoire ? Cela est explicitement dit dans ce conte : courage, ténacité, fermeté, foi intangible, amour. Bien sûr, il n'est pas question d'un amour "Bisounours" mais plus d'une volonté farouche de braver l'adversité, d'une fermeté du cœur. Est-ce le cas aujourd'hui ? Pas vraiment... Ce qui caractérise notre civilisation c'est quand même la lâcheté et la fuite en avant pour éviter de régler les problèmes !
Cependant, l'humanité est à un tournant, si grand d'ailleurs qu'elle peut même sortir du cycle infernal des réincarnations. Vu la complexité du propos, je prépare un ouvrage afin de décrypter CLAIREMENT, non seulement les messages des Guides, mais aussi certains mystères (alchimiques)... Si vous êtes intéressés, ne manquez pas de me le faire savoir !
BRYCE CANYON (USA) Photo de l'auteure.