Si profonde et si longue avait été la nuit, que l'humanité avait bien du mal à sortir de son engourdissement. Le printemps, pourtant, était en avance cette année là et tout embaumait une jeunesse retrouvée. Impatients, les enfants s'étaient rués dans les prairies pour orner leurs fronts de fleurs fraîches. Les laboureurs retournaient la terre et semaient les grains à la volée. Quant aux femmes, elles préparaient les berceaux, en cousant des courtepointes de dentelles, afin d'accueillir joyeusement les nouveaux-nés. Qui aurait pu croire un seul instant que ce bonheur était éphémère ?
Car, au loin, au sommet d'une colline, quatre cavalières patientaient. Depuis des millénaires, elles se préparaient à l'affrontement. Leurs chevaux piaffaient d'impatience, prêts à s'élancer dans l'ultime bataille. L'humanité, confiante et crédule, ne se doutait pas un seul instant que la porte de l'enfer s'était entrouverte, laissant s'échapper de redoutables démons.
Malgré sa beauté crépusculaire, la première cavalière portait en elle un sinistre poison : L’AVIDITÉ. Ce mal la rongeait depuis longtemps et pour s'en délivrer quel autre moyen pour elle que d'infecter la planète toute entière ? Le soir venu, alors que tous retrouvaient la chaleur rassurante de leurs foyers, la furie traversa les villes et les villages, répandant sournoisement sa peste mortelle. Dès l'aube, l'atmosphère avait totalement changé : adieu les belles ingénues et les jeunes gens au regard candide ! Tous n'avaient qu'une seule obsession : calmer une faim dévorante et une soif inextinguible. Plus rien ne comptait sinon l'assouvissement des passions, mais elles étaient si ardentes, que ce tourment ne cessait de croître. A tel point que la Nature commença à en subir les sinistres effets. La terre se couvrit de craquelures et l'eau devint saumâtre. Quant à l'air, il consumait les poumons et les esprits. Il y eut un temps d'accalmie où l'homme se crût sauvé. Mais ce ne fut qu'un leurre car la deuxième cavalière allait bientôt rentrer dans la mêlée.
Avec sa chevelure de flamme et son regard incendiaire, elle brûlait tout sur son passage, ne laissant derrière elle que des cendres. Le virus qu'elle répandait s'appelait CORRUPTION et malheur à celui qui en était porteur ! Car son triste cortège de complaisances, de trahisons et de perversions menait l'âme à une nuit noire et insondable. Qu'il fut difficile aux esprits bien nés d'assister à une si grande décadence ! Malheureusement, rendus fous par la débauche et les excès, les hommes se moquaient éperdument de la sagesse et du bon sens !
La troisième cavalière profita de ce temps d'égarement pour fondre sur les derniers bastions qui résistaient. Elle était belle et présentait un visage angélique mais cette fausse candeur cachait un mal terrifiant : La HAINE. Oubliant qu'ils étaient issus du même humus, le fils se détourna de son père et la mère repoussa le petit qu'elle portait dans son ventre. Le rejet et l'insulte étaient devenus la norme. Le poing levé, les hommes réclamaient toujours plus et au moindre refus, leurs bouches vomissaient des injures. Tous étaient coupables mais nul ne voulait le reconnaître. Alors, on commença à chercher des boucs émissaires : l'enfant, l'innocent, le simple d'esprit étaient condamnés, sans possibilité de rédemption. Le monde fut à un tel point dévasté, qu'il ne resta plus que des cendres et des larmes. Alors, la quatrième cavalière descendit de son promontoire.
C'était la SANS NOM, la mystérieuse, l'inconnue, l'étrangère et nul, jusqu'à présent n'avait vu son visage. Sa monture portait sur ses flancs des besaces remplies de graines que la femme lançait à l'entour dans un formidable élan de vie. Cette nouvelle semence s'élevait dans les airs et retombait, tel un léger voile, sur le sol qui portait tous les stigmates d'une insondable souffrance. Bientôt, des profondeurs des cœurs et des esprits, un chant nouveau s'éleva. Celui de l'ESPERANCE. Nul besoin d'une cinquième cavalière pour l'incarner. A chacun, désormais, de respecter le serment d'amour passé entre le Ciel et la Terre afin que s'accomplisse ici-bas la demeure d'éternité...
COMMENTAIRE
A chaque début d'année, je demande un conte aux Hé-Veilleurs pour l'humanité. Cela me donne quelques indications sur l'ambiance des mois à venir. C'est celui-ci que j'ai reçu et ce que j'ai vu m'a littéralement terrifiée ! Il faut cependant garder raison mais "prudence est mère de toutes les vertus"... Tôt ou tard, il faudra payer le prix de nos erreurs.. Le temps est-il venu de le faire ? Le danger imminent qui nous guette est bien entendu celui du "coronavirus". CORONA comporte la racine fondamentale KRN. C'est une racine d'origine indo-européenne signifiant corne ou crâne. Cela fait penser immanquablement au "mental" qu'il faut désormais calmer. C'est bien ce qui se passe en Chine à l'heure actuelle où toute activité est à l'arrêt. Les Chinois découvrent enfin le silence et le ciel bleu ! Ce qu'il y a de surprenant c'est que cette racine KRN a aussi un lien avec le CAIRN (tumulus de pierres au-dessus d'une sépulture élevée par les Celtes). Vous vous souvenez sans doute où a eu lieu la première contamination en France ? A Contamines-Montjoie... Or le CAIRN est aussi appelé MONTJOIE dont l'origine vient de l'ancien français : "mund-gawi" qui signifie "protection du pays" ! Du reste, c'est au cri de "Montjoie Saint Denis !" que les troupes royales s'élançaient au combat, menées par l’Oriflamme (l'Or, le Verbe, la Lumière). L'emblème de la royauté a toujours été le LYS. Ce mot en grec se dit KRINON, dont la racine est KRN ! C'est le symbole de la mise en relation avec les forces du Cosmos qui s'apprêtent à descendre sur terre. On retrouve ce lys sur la tête des Sphinx, des Pharaons et des Rois de Knossos. Est-ce le retour du Soleil Triomphant sur les ténèbres qu'on nous annonce ? Loin de moi l'idée d'en tirer des conclusions hâtives, mais je m'interroge sur le sens de ces évènements... Visiblement, nous ne sommes pas seuls et le monde invisible nous met en garde contre des drames à venir mais nous donne aussi une grande leçon d'espérance. A nous d'en tirer le meilleur parti...
AEROPORT DENVER (Colorado) Photo Solène Myran