
Assise sur un banc, une femme était absorbée par la vision du linge qui séchait sur un fil et battait dans le vent. Quelle impression étrange de savoir que la tâche était accomplie et qu'il suffisait, désormais, d'admirer la beauté de l'instant !
Ce n'étaient juste que quelques draps qui dansaient au rythme d'une légère brise, mais pour la femme c'était une symphonie, un pur instant de poésie.
Si, ce jour là, elle n'avait pas étendu sa lessive, aurait-elle pris conscience de la présence du Souffle ?
Le subtil s'était matérialisé, donnant une forme palpable à l'insaisissable. Ainsi, sa vision s'étendait jusqu'au ravissement, l'emportant vers une possible communion avec l'Univers tout entier.
Désormais, elle pouvait se poser, vivre et contempler. Malgré les blâmes et les critiques de ceux qui lui reprochaient son attitude, elle se contentait de sourire et demeurait silencieuse. Car, pour elle, tout la ramenait à l'Unité !
De toute son âme, elle prenait conscience du monde qui l'environnait : un brin d'herbe qui s'agitait sous le vent, une fleur à peine éclose, un nuage qui s'étirait dans le ciel, tout l'imprégnait et la remplissait de joie. Était-ce cela l'Eveil ? Cette capacité à se fondre dans la totalité ?
La voilà devenue épouse, reine, et l'Univers était son compagnon, son guide. A son contact, elle pouvait, à loisir, devenir le drap sur le fil, la rose épanouie ou l'oiseau céleste. Quel bonheur de sentir dans son corps l'onde puissante de la Vraie Vie ! Celle qui reconnecte au Ciel et à la Terre et avait permis à la femme de connaître la plénitude du moment présent.
COMMENTAIRE
Ce conte a été donné à une professeure des écoles qui souffrait de son travail absorbant et épuisant. Faut-il changer de travail ou trouver l'attitude juste ? Accueillir le moment présent qui élève l'âme et rend possible l'Unité. Comment faire ? Silence, immobilité et contemplation. A pas feutrés, dès lors, nous pouvons renouer avec notre part mystique. Où demeure l'éternité...
NÉPAL (Photo Cathy Martin)