Sortant d'une longue nuit de sommeil , un homme émergea de son lit. Il se sentait en pleine forme , frais et dispos. Pourtant, quelque chose l'intriguait : le silence. D'habitude, à cette heure matinale, il entendait les cris joyeux des enfants qui partaient à l'école, il entendait le bruit des marmites que l'on mettait au feu, il entendait les charrettes rouler sur les pavés. Une vie grouillante qui le remplissait d'une indicible joie.
Il s'apprêtait à sortir de chez lui quand soudainement , une clarté aveuglante le fit vaciller. Déséquilibré, il recula dans l'encoignure de sa porte et, profitant d'un espace d'ombre, il put retrouver une vision claire et nette. Et ce qu'il vit, le stupéfia. Rien, il n'y avait plus rien. La ville avait disparu, les rues, les maisons, les habitants, tout avait été soufflé ne laissant place qu'à des formes méconnaissables et calcinées.
Il se frotta énergiquement les yeux, mais le cauchemar ne s'effaça pas pour autant. C'était terrifiant. Mais le plus terrifiant, c'était qu'il n'avait rien vu, rien entendu ni même senti ou présagé. Le vide.
Il resta un long moment sans bouger, paralysé par ce spectacle effroyable où toute vie s'était volatilisée. La terre semblait avoir été retournée et labourée par une force colossale, à tel point qu'il ne subsistait plus que quelques moignons d'arbres, roussis par un feu sorti tout droit de l'enfer.
L'homme finit par se ressaisir et les questions affluèrent dans son esprit : "Que s'était il passé? Y avait il des survivants ou était il l'unique rescapé d'un épouvantable cataclysme ? Et, désormais, comment vivre ?" Mais, seul un vent lugubre lui répondit.
Le temps s'écoula lentement, trop lentement. Et le malheureux demeurait prostré, envahi par l'effroi de sa condition. Quand la lune se leva à l'horizon, il se décida à bouger, tant son corps était devenu douloureux. Son errance dura quelques heures, quelques jours ou quelques semaines, il n'avait plus qu'une vague conscience du monde dans lequel il se mouvait. Il était juste torturé par la faim, le froid, la solitude. Un matin, sombre comme tous autres, il décida d'en finir. "A quoi bon continuer ?" pensa t-il.
A cet instant, un immense chagrin le submergea et il se souvint de son enfance libre et joyeuse, du sourire de sa mère et de la main rassurante de son père sur son épaule. Les larmes inondèrent son visage, traçant des rigoles sombres sur ses joues. Soudain, dans le lointain, il entendit un léger bruit, comme une pierre projetée contre un mur. Vivement, il releva la tête mais le silence régna à nouveau dans une terrible opacité.
L'homme se remit debout, son regard embrassant la plaine désertique. Le bruit retentit à nouveau, un bruit sec et mat. Mais cette fois-ci, il était accompagné par une petite lueur brève, intense. Un avertissement ou une invitation ? Sans même réfléchir, il se laissa alors guider par cet étrange signe, qui se faisait de plus en plus pressant, jusqu'à devenir continu. Bientôt, un sillon lumineux apparut, gravé sur le sol et l'homme comprit qu'une voie s'ouvrait enfin.
Sans même réfléchir, il la suivit et la joie revint en lui, en vagues de plus en plus fortes. Non, il n'était plus seul. Mais désormais, il fallait qu'il apprenne à goûter, à apprécier et à jouir de chaque instant de sa vie. Oui, il était prêt à parcourir ce vaste monde, contenu dans une seule cellule de son coeur. Et à l'aimer.
Parce qu'au final, rien n'est plus important qu'un nouveau jour qui se lève.
COMMENTAIRE
Ce conte a été donné à un homme qui venait de connaître une séparation très douloureuse mais qui, d'une façon générale, voulait aussi connaître l'avenir du monde.
En ce qui concerne l'aspect intime, il n'y a rien à dire de plus que ce que le message suggère. Je trouve plus intéressant ce qui est dit de notre avenir commun et vous verrez que les Hé-Veilleurs ont une extraordinaire habileté à faire une synthèse juste et cohérente de nos interrogations personnelles et celles, plus générales.
Lisons attentivement :
1) L'homme dort profondément et il est heureux de son sort,
2) Par conséquent, il est sourd aux tribulations du monde,
3) Et il est aveuglé par la lumière de l'illusion. Seule l'ombre ("l'encoignure d'une porte"), nécessaire à ce moment là, lui montrera la réalité.
Il n'a rien vu venir et le réveil est douloureux. C'est ce qu'a vécu ce consultant mais c'est bien ce que nous vivons nous aussi à l'échelle mondiale ! Nous sommes endormis et aveuglés par un confort et une sécurité illusoire.
Or, que va t-il se passer ? Nous allons voir, dans les vingt ans à venir, la fin du monde matériel tel que nous le connaissons avec la destruction d'un système étatiste et inquisiteur. Ce sera sans doute aussi la fin de la gouvernance des banques et des politiques. Ce sera une période difficile.
Il ne faut, pourtant pas, s'en effrayer. Car il va y avoir l'émergence d'un monde parallèle "un sillon lumineux, gravé dans le sol", souterrain pour tout dire (et informatique ?), où les gens échangeront et communiqueront en dehors des systèmes établis. Ce réseau existe déjà et il s'appelle la "Bitnation" (Etat complètement virtuel). Il se développera de plus en plus à cause d'une crise économique majeure. Pour finir, j'ajouterais que mon client est informaticien et qu'il a tout de suite compris le message et à tous les niveaux...
CHICAGO (Photo de l'auteure).