Tout d'abord, je vous souhaite à tous une belle et heureuse année 2017. En astrologie chinoise, c'est l'année du coq de feu. Rien de très réjouissant quand on connaît l'impulsivité de l'animal... Cependant, chantant dès le lever du jour, le coq symbolise l'éveil. Eveil qui ne manquera pas d'advenir après une période obscure et une nouvelle vallée de larmes...
Je tiens aussi à remercier toutes les personnes qui m'ont envoyé leurs voeux. Cependant, certains m'ont laissé perplexe : " Je vous souhaite la lumière de l'amour"... Diantre... Hormis le côté poétique de l'expression, je m'interroge sur le sens de cette phrase, pour moi, énigmatique. Aujourd'hui , on utilise des mots ou des concepts dénués de leur fonction première, qui est de décrire la réalité. Ainsi, on ne dit plus "mort" mais "disparu". On ne dit plus "aveugle" mais "non voyant", on ne dit plus "handicapé " mais "personne en situation de handicap " et j'en passe. Pour ma part, me sentant en situation de normalité, je ne vois pas le gain de ce changement de vocable, si ce n'est nous décerveler ou nous asservir encore plus ! A tout prendre, j'aurais préféré que l'on me souhaite l'amour de la lumière, surtout si la lumière en question est synonyme de connaissance !
Mais revenons à notre coq. Il est colérique, batailleur et rempli d'amour propre. A l'heure actuelle, on le représente perché sur un tas de fumier, mais, autrefois, il incarnait la fierté et l'affirmation du soi, puisque d'essence solaire. Cette inclination de caractère peut être définie, suivant Peter Sloterdijk, de pulsion thymotique. Ce terme vient du grec "thymos" qui désigne "l'organe dans la poitrine des héros d'où partent les grands élans,..., le Soi fier". Dans notre société décadente, nous sommes condamnés à la mollesse et à la tiédeur et le feu intérieur est muselé, sous prétexte d'ego surdimensionné.
Mon amie Cathy Martin, guérisseuse de son état, a remarqué, chez nombre de ses patients, qu'ils étaient souvent bloqués au niveau du thymus et que cela les empêchait de développer "leurs ailes". Pour tout dire, d'accéder à leur divinité intérieure. Elle remédie, bien sûr, à cette problématique. Mais je m'interroge ? Pourquoi tant de difficultés à s'éveiller ?
Nous sommes malades. Atteints d'une maladie chronique, mais non incurable, qui s'appelle le matérialisme. Selon Heidegger, nous sommes en train de perdre notre humanité. Parce que le goût de l'argent a dépassé celui du travail bien fait et celui de l'honneur. Il nomme cet état le "Gestell", l'inféodation de l'homme à l'utilitarisme. C'est tellement pratique tous ces joujoux électroniques, pas vrai ? Mais comment ne pas être esclave de ces commodités ?
Que je vous raconte une petite histoire personnelle : début des années 90, je me suis rendue, à plusieurs reprises, dans ma famille au Vietnam. Elle vivait dans un petit village, perdu dans les rizières. Quelle joie de les rencontrer ! Mon époux, mes enfants et moi même, nous avons été accueillis comme des rois, et pourtant quel dénuement ! Ils nous ont offert bien plus que l'hospitalité : leur innocence et leur gaieté enfantine. Le matérialisme outrancier n'était pas encore arrivé jusqu'à eux et ils savaient partager. Malheureusement, au fil du temps, ils ont été rattrapés par la mondialisation dans ce qu'elle a de plus mauvais : la cupidité. Depuis, tout a changé. Eux qui étaient contents de tout, sont devenus insatisfaits, geignards et envieux de leurs voisins, quelle tristesse....
A travers les contes, les Hé-Veilleurs font de nous des personnages de légende. Nous ne sommes plus des anonymes ou des sans grades, mais des héros. "Herôs" en grec, signifie demi-dieu, ou tout homme élevé à ce rang. Dans notre société, où est donc notre divinité intérieure ? Noyée dans le consumérisme ou dans une spiritualité "hygiénique" où il faut sans cesse, se nettoyer du péché, du karma ou de la généalogie. Dès lors, nous perdons de vue l'essentiel : nous sommes tous mortels. Comment assumer l'inéluctable sinon en affrontant avec courage notre destinée ? Les Bouddhistes font du renoncement, l'instrument de l'intériorité. Dans les civilisations européennes, il en est tout autrement. On va parler de "Menos". Pour atteindre le rang de demi-dieu, ou s'éveiller, il faut utiliser son énergie vitale, sa force et sa détermination. Il n'est pas question de force physique mais de force morale.
Le rêve d'une de mes consultantes, musicienne de son état, était d'aller, pendant au moins deux mois, dans le désert en Californie, pour y enregistrer les sons des serpents à sonnettes et de répertorier les cactus. Les Hé-Veilleurs l'ont encouragée à le réaliser. Cependant, elle n'a rien d'une aventurière et pour elle, traverser seule tout Los Angeles en voiture, relevait du cauchemar. Pourtant, elle y est parvenue, comme elle est parvenue à dormir sous une tente, à faire ses enregistrements et ses répertoires, et ce malgré les difficultés ! Pourquoi ? Parce qu'elle possède ce "supplément d'âme", le Menos, cette énergie du coeur indestructible qui donne foi et fermeté de caractère. Elle a obtenu victoire sur tout, mais surtout sur elle même.
Pour sortir du Gestell, il faut le vouloir et arrêter de geindre et gémir sur son sort. On parle souvent du retour du "féminin sacré ". Le féminin n'a rien de larmoyant et ne va pas, uniquement, allumer des bougies ou dessiner des coeurs place de la République, à Paris. Cette attitude est sournoise et sert encore plus notre asservissement.
Devenez les héros de votre propre histoire, respectez les anciens, la nature, aimez la beauté, soyez brave et courageux, fuyez les corrompus et méprisez la bassesse. C'est tout ce que je vous souhaite pour 2017. Ainsi, vous accéderez à la lumière de la Connaissance et à l'amour de la Vérité.
NEW ORLÉANS, LOUISIANE (Photo de l'auteure).