Au bord d'une rivière, des hommes, sans relâche, faisaient tourner une roue. Combien leur besogne paraissait morne et répétitive ! Pourtant leur oeuvre était indispensable car, grâce à leur peine et leur sueur, l'eau montait à travers des canaux et se déversait sur les terres, les rendant fertiles.
Jamais ces forçats ne prenaient de repos, jamais leur soif n'était étanchée, jamais ils ne goûtaient aux fruits que leurs efforts avaient pourtant produits. Autour d'eux, l'onde nourricière avait créé une sublime abondance : le blé poussait dru dans les sillons, mais les hommes le voyaient-ils ? Les fleurs exhalaient un parfum délicieux mais pouvaient -ils le sentir ? Dans les arbres, les oiseaux chantaient à tue-tête, mais les entendaient-ils ? Le raisin était gorgé de sucre et de miel mais songeaient-ils seulement à le goûter ? Sans cesse, ils courbaient la tête et jamais ils ne la relevaient.
Un jour, un enfant s'approcha d'eux et se contenta de les observer longuement. Tels des bêtes de somme, les malheureux ahanaient sous un soleil implacable. Lorsque le jeune garçon s'adressa à eux, ils ralentirent à peine la cadence :
"Pourquoi tant de souffrances pour si peu de récompenses ? Pourquoi n'allez vous à la source où tant d'autres s'abreuvent sans aucune difficulté ?"
Ne vois-tu pas que nous sommes des esclaves enchaînés à une misérable condition ?"
"Esclaves, oui assurément, répondit l'enfant. Mais de chaînes, je n'en vois point, ni à vos chevilles, ni à vos poignets."
Alors, pour la première fois de leur vie, ces hommes se regardèrent et virent, avec étonnement, que jamais ils n'avaient été prisonniers. Rien ne pouvant désormais les asservir, c'est, librement, qu'ils purent, enfin, connaître la saveur du Paradis.
COMMENTAIRE
Ce conte a été donné à un ami magnétiseur qui ne guérissait pas que les corps mais libérait aussi les esprits.
Ce message traduit la chute de l'âme dans la matière et son asservissement. Nous sommes bloqués dans nos habitudes et nos croyances et nous en sommes esclaves, sans même s'en rendre compte. Dès lors, comment échapper à notre conditionnement, à notre "roue mémorielle ?"
Pour éviter la souffrance, il faut "lever la tête ", c'est-à-dire sortir d'une vision étroite pour accéder à la Connaissance. Il faut, comme ces hommes "regarder et voir". Devenir compatissant. Si on prend conscience des origines de notre mal, alors nous pourrons retourner au Paradis. Et ainsi que le dit l'enfant dans le conte : s'abreuver à la source peut être réalisé "sans difficulté ".... Mais cela est une autre histoire... Un jour je vous expliquerai, peut-être, les mystères de la vraie spiritualité et combien c'est facile d'accéder à la Sagesse, bien plus facile que ce que l'on vous vend aujourd'hui.... A suivre...
NAVY PIER, CHICAGO (Photo de l'auteure).