/image%2F1067705%2F20160609%2Fob_c99306_20160606-203011.jpg)
Alors qu'il sortait à peine de chez lui, un homme entendit un énorme fracas. C'etait un chêne millénaire que l'on venait d'abattre. Des riverains s'étaient plaints de son ombre grandissante qui masquait la lumière et les empêchait de profiter pleinement de la clarté du jour. De plus, les oiseaux venaient y faire leurs nids et leur tintamarre joyeux avait fini par indisposer le voisinage revendicatif et procédurier.
De guerre lasse, on avait fini par céder et l'arbre, porteur de tant de mémoires et de souvenirs à jamais perdus, avait été sacrifié. L'homme, qui avait assisté à ce massacre, comprit instantanément que le monde, qu'il affectionnait depuis toujours, allait sur sa fin.
Cependant, il sentit qu'une force nouvelle grandissait en lui. Était ce l'arbre qui, au moment de son trépas, lui avait transmis sa puissance ? "Attendons de voir" se dit-il.
Dès lors, les événements se précipitèrent. Alors que, dans un premier temps, tous étaient ravis de leur décision, légitime selon eux, puisque les nuisances des oiseaux et la pénombre honnie avaient totalement disparu, voilà qu'un problème imprévu venait d'apparaître.
Le soleil. Depuis quelques temps déjà, on avait peine à le regarder tant il était aveuglant mais au fil des jours, le problème s'était intensifié. A croire que Dame Nature s'était insurgée contre l'acte inique qu'avait subi le malheureux chêne. Et l'addition était plutôt salée : chaleur torride, épouvantable sécheresse suivies d'inondations terrifiantes et de tremblements de terre cataclysmiques.
L'homme, quant à lui, se contentait d'observer. Et attendait le renouveau. Les gens qui avaient commandité la mort de l'arbre, voilà que maintenant ils réclamaient un peu d'ombre et un peu de fraîcheur ! Ah ! Combien ils regrettaient la ramure du chêne immense qui les protégeait de l'ardeur solaire ! Malheureusement, tout était consommé et il n'y avait guère de retour possible. Ce qui n'est plus, ne peut guère renaître.
A moins que.... A force d'observation et de contemplation, l'homme se rendit compte que quelque chose était en train de se passer dans les profondeurs de la terre. Certes, c'était quasi imperceptible mais la vie reprenait ses droits : une multitude de petits insectes, vermisseaux, vers de terre, labouraient, sans relâche , la glèbe riche et féconde. Et un jour, on vit apparaître un jeune arbrisseau, fragile et vigoureux à la fois.
Mais le plus extraordinaire, c'est que, venue des quatre coins du monde, une foule attentionnée et bienveillante venait, chaque jour, déverser une coupe d'eau au pied du petit arbre. Qui grandissait et se fortifiait au fur et à mesure que l'espoir renaissait au fond des coeurs. Non, rien n'était perdu et même si l'humain s'était un jour égaré, il pouvait reprendre, désormais, le chemin qui mène vers les Cieux.
COMMENTAIRE
Ce conte a été donné à un homme politique qui voulait connaître le futur de la France. Il me semble que la réponse est assez claire...
PISTE DE REFLEXION
Prendre le symbole du chêne pour la France sous-entend que ses racines sont profondément ancrées dans la ruralité et la paysannerie, période où le bon sens dominait. A quoi assistons nous aujourd'hui sinon à l'émergence d'un nouveau monde radical et dictatorial ? Pour imposer une nouvelle pensée dominante -autrement dit la bien-pensance- il faut détruire l'ancien. Mais nul ne connaît aujourd'hui les conséquences dramatiques que cette volonté destructrice pourrait entraîner. On croit tout contrôler mais on ne contrôle rien. Et que dire de nos certitudes...
Cela me rappelle toujours mon oncle vietnamien. Austère, rigide voire dogmatique. Bouddhiste, végétarien dans l'âme. Après des années de guerre et de privations, sa famille a été réduite à manger les bananes de leur jardin, puis les peaux de banane, puis les feuilles et les racines du bananier. Comme la famine persistait, mon oncle a fini par tuer leur buffle et le manger. En temps de paix, il est facile d'avoir des convictions et de s'y tenir. En temps de guerre c'est plus dur...
Le philosophe Michel Onfray parle de trois catégories de personnes : les optimistes, les pessimistes et les tragiques. Ce qui caractérise ces derniers c'est leur lucidité. On peut toujours trouver que tout va mieux mais si on analyse un peu la situation, on peut se rendre compte aisément du chaos généralisé !
En avoir peur ? Pas du tout. En ce qui concerne la France, la solution, comme dans le conte, peut venir de l'étranger. En effet, beaucoup de gens à travers le monde, aiment notre beau pays et feront en sorte que l'arbre ne soit pas définitivement coupé...
NEW ORLEANS (Photo de l'auteure ).