/image%2F1067705%2F20160225%2Fob_65dee8_20150725-121128-1.jpg)
Alors qu’elle explorait une grotte, une femme aperçut, sur l’une des parois, une œuvre magnifique. C’était une peinture rupestre à peine esquissée, et le sens de cette scène paraissait bien obscur. Des hommes, munis d’arcs et de flèches, portaient au loin leur regard. Ils se tenaient au sommet d’une montagne, guettant l’horizon et semblaient attendre la survenue d’un évènement. Mais rien ne se passait.
Songeuse et troublée, la femme rejoignit la sortie et fit la nuit suivante un étrange rêve. Elle se voyait voguer sur des mers profondes, traverser des fleuves généreux, gravir des collines aux courbes pleines de douceur. A chacune de ses étapes, on lui remettait une clé d’or ouvrant une porte qui la menait de plus en plus loin.
Dès l’aube, la femme fit ses bagages et se mit en route, suivant seulement la voie de son cœur. Elle se retrouva bientôt dans un désert immense que nul voyageur n’avait tenté de traverser. Sur la surface d’une roche, elle découvrit à nouveau une peinture étrange qui représentait deux chasseurs qui se tenaient serrés l’un contre l’autre. Si le contour de leurs silhouettes et de leurs visages était sobrement représenté, leurs regards, par contre, étaient si intenses qu’ils semblaient lui adresser un reproche muet.
La voyageuse poursuivit sa quête, agitée parfois par de sombres pensées ou de douloureuses nostalgies. Elle aurait tellement aimé s’en retourner chez elle ! Mais le pèlerin est condamné à avancer avec foi et humilité.
Un jour de grande lassitude, elle décida de prendre un peu de repos dans un village où des enfants l’encerclèrent en riant, ne lui laissant aucun répit. Si elle s’échappait, aussitôt ils la rattrapaient l’enfermant dans une ronde sans fin. Alors, le cœur lourd, elle décida de repartir.
De fil en aiguille, elle se retrouva au pied d’un arbre majestueux et à même le tronc, était gravée une scène identique aux précédentes : deux hommes semblaient en proie à une attente angoissante mais, cette fois-ci, leurs bras étaient tendus vers elle et les paumes de leurs mains, ouvertes dans un geste d’invitation.
Alors, la femme sut qu’elle devait retourner, sans plus attendre, dans la grotte qui avait changé le cours de son destin.
Tout de suite, elle retrouva dans cet endroit magique, la fraîcheur de l’obscurité et l’odeur douceâtre des mousses. Quelque chose, pourtant, dans l’atmosphère avait changé. C’était à peine perceptible mais, parcourant du regard les parois de la caverne, la voyageuse découvrit avec joie une étonnante transformation : les chasseurs ne regardaient plus avec effroi le vide devant eux, car une silhouette aux courbes gracieuses se rapprochait à l’horizon. Baissant son visage vers le dessin, elle reconnut avec stupéfaction ses propres traits !
Elle comprit alors que ces hommes avaient toujours dénié aux femmes leur juste place, mais que le temps était venu de la leur redonner. Voyant cela, la visiteuse, qui n’avait point failli ni démérité, sut que sa véritable tâche allait enfin commencer…
COMMENTAIRE
Ce conte a été donné à une thérapeute qui travaille sur le "féminin sacrée". A travers ce message, elle a compris quel était son rôle. Elle poursuit, désormais, sa tâche avec beaucoup de joie. Egalité homme-femme mais dans un sens "sacré" et pas uniquement sociétal...
PISTE DE REFLEXION
Pourquoi ce conte fait-il référence à la Préhistoire ? Où se trouve cette grotte ? Est-elle au fond de soi ? Le voyage est-il nécessaire ? Et dans quel but ?
CAVERNE DU PONT D'ARC (Photo de l'auteure).