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Voulant laisser une trace après elle, une femme décida un jour de sortir de sa demeure. Elle se dirigea vers une forêt voisine, tenant dans sa main un petit couteau.
S'approchant d'un arbre, elle voulut graver sur son tronc lisse, un dessin indélébile qui traverserait les orages et survivrait au temps. Mais voilà le problème : la belle ne pouvait se résoudre à entailler le bois et faire couler la sève. Et, au final, lequel choisir ? L'arbrisseau encore fragile ? Le chêne robuste ou le bouleau majestueux ?
Elle pointa son couteau vers l'écorce, tentant vainement d'y tracer un coeur, symbole d'amour éternel. Mais un dernier scrupule retint son geste. Si grande était sa crainte d'infliger la souffrance ! Ne l'avait elle pas, elle même, connue lors de la disparition de l'être aimé ?
Alors qu'elle hésitait encore, voilà que derrière elle, elle entendit un faible pépiement. Se retournant vivement, elle aperçut, à même le sol, un oisillon tombé du nid.
Aussitôt, elle se précipita vers lui, le réchauffant de ses deux mains rassemblées. Il était à peine recouvert d'un fin duvet et tremblait de froid. Elle le ramena dans sa demeure, lui offrant les graines et l'eau, indispensables à la vie. Il se mit à grandir harmonieusement, à l'ombre de sa bienfaitrice.
Bientôt, il devint un oiseau fort et vigoureux, remplissant de ses trilles joyeuses toute la maison, que le chagrin avait enfin désertée. La femme retrouva la joie de vivre, oubliant petit à petit, sa tristesse et la solitude.
Mais le jour vint où son petit compagnon réclama sa liberté. Sans cesse, il voletait vers la fenêtre, espérant retrouver les hautes futaies où vivaient ses semblables. La mort dans l'âme, la femme ouvrit en grand la porte qui donnait sur un vaste horizon. L'oiseau s'envola à tire d'ailes et disparut dans les profondeurs de la forêt.
Mais bientôt il revint, accompagnant son retour d'un chant vif et léger, comme un matin de printemps. De son oeil noir et brillant, il encouragea sa libératrice à le suivre. Sans plus de cérémonie, la femme se laissa guider par son fidèle ami. Il volait avec assurance et la conduisit au pied d'un arbre immense. Et, là, à coups de bec délicats, il traça sur le tronc, un coeur au parfum d'immortalité.
Émue jusqu'aux larmes, la femme remercia le Ciel de lui avoir fait le cadeau de la vie qui, à nouveau, s'éveillait en elle.
COMMENTAIRE
Ce conte a été donné à une femme qui a perdu son époux, il y a cinq ans déjà. On l'a consolée en lui assurant, qu'au delà de la mort, l'amour ne s'éteint jamais.
PISTE DE REFLEXION
Que pensez-vous de la présence, encore une fois, d'un oiseau ? Est-ce pour nous convaincre qu'un "au-delà" existe et que nous ne sommes ni seuls, ni abandonnés ? (Précieux = Près des cieux...).
SUD DE LA FRANCE (Photo de l'auteure).
Compte Facebook Alicia Myran