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Chaque matin, une Reine ouvrait la porte de la cage de l'oiseau qui partageait sa vie et enchantait son coeur. En effet, ses responsabilités étaient si lourdes que le seul moment où elle trouvait un peu de bonheur et de réconfort, était dans cette aube précieuse, où l'oiseau sifflait gaiement sa liberté retrouvée.
C'était son unique instant de joie. Pourtant, la Reine ne manquait de rien : palais somptueux, habits de velours, mets délicieux et courtisans empressés. Mais ployant sous le fardeau de la nécessité, sa vie n'avait plus réellement de sens. Parfois, elle se prenait à rêver de la vie simple des paysans qu'elle apercevait, au loin, par delà les murailles de sa prison.
Or voilà, qu'un jour, arriva à son service une jeune domestique. Ses doigts de fée étaient dédiés aux cheveux de sa souveraine et, chaque matin, elle défaisait ses tresses emmêlées après une nuit de sommeil. Puis, elle lissait sa longue chevelure, jusqu'à ce qu'elle devienne brillante et douce comme de la soie.
Petit à petit, la reine oublia la lourdeur de sa tâche, appréciant la sensation de légèreté que lui procurait la jeune servante, si empressée à la servir et l'honorer. Elle abandonna, même, sa couronne, laissant sa chevelure ondoyer jusqu'au creux de ses reins.
Mais un jour, alors que la jeune fille s'était absentée, la reine prit soudainement conscience que son oiseau, depuis fort longtemps, ne chantait plus. S'approchant de la cage, elle vit, avec désespoir, que seul un petit tas de plumes y reposait.
A cette vision, son coeur se serra. Combien grand était son égoïsme, qui avait mené à la mort son malheureux compagnon ! Mais alors que des larmes amères ruisselaient sur son visage, la reine sentit une présence à ses côtés : c'était son oiseau, à la stature imposante et aux ailes largement déployées !
Comment ce miracle avait-il pu s'opérer ? De quelle nature était ce phénomène ? Malgré la défaillance de la souveraine, le fragile oiseau avait su décupler sa force et sa puissance ! L'abandon, la solitude l'avaient totalement régénéré.
Dès lors, la reine comprit qu'elle pouvait, elle aussi, transformer l'adversité en rédemption. Quand la jeune servante fut de retour, elle lui demanda : "Aidez-moi à remettre ma couronne sur ma tête. J'accepte, désormais, d'être ce que je suis."
Pour nous mener à notre propre libération, la vie nous trace parfois d'étranges sentiers. Mais seul celui qui accepte sa nature profonde, pourra ouvrir sa cage et s'envoler. . .
COMMENTAIRE
Charisme, vous avez dit charisme ? Ce conte a été donné à une femme qui, à l'instar d'une reine, en possédait beaucoup. Mais l'assumer est parfois difficile...
PISTE DE REFLEXION
Pourquoi la reine doit-elle passer par des étapes successives avant de s'accepter ? Que représente la servante ? Et pourquoi lisser la chevelure ?
VAR (Photo de l'auteure).