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Issue de la diaspora vietnamienne, immigrée de la deuxième génération, je n'ai jamais eu envie de revendiquer quoi que ce soit, mais plutôt de reconnaître ma chance. En effet, la diversité culturelle, vécue au sein du foyer parental (père italien, mère vietnamienne), dans le giron français, m'a permis de voir "autrement" et d'ouvrir mon esprit à tout ce que le monde peut offrir. Et ce qu'il a eu, surtout, à m'offrir, c'est de pouvoir voyager sur tous les continents, à la rencontre de tous les membres de ma famille, dispersés par la guerre ou l'exil économique.
Ainsi, loin des grands centres touristiques, j'ai toujours pu vivre en immersion totale dans les pays visités.
Dernièrement, j'étais à Chicago, chez ma fille (mariée à un américain-philippin) et ce que j'ai pu constater des USA m'a littéralement sidérée. Certes, c'est un grand pays dynamique et le peuple américain, dans sa grande majorité, est plutôt sympathique. Cependant, au fil des ans, j'ai pu me rendre compte de la dégradation des conditions économiques du pays. En France, on parle de la croissance de l'Amérique. Ou nos médias sont aveugles ou nous sommes grandement manipulés (les deux ?). Car la croissance semble être, avant tout, un mythe...
Bien que n'étant qu'une citoyenne lambda, j'ai fait un petit reportage photographique que je vous livre aujourd'hui afin de vous montrer ce qu'ici, on vous cache sciemment. Dans quel but ?
J'ai photographié principalement deux avenues : Broadway et Clark à Chicago. Le nombre de boutiques fermées, uniquement dans ces deux artères, est assez effrayant. Les photos postées n'en représentent que quelques segments.
En discutant avec de jeunes américains, on se rend compte que beaucoup d'entre eux sont plus dans la survie que dans la vie. Deux, trois boulots sont parfois nécessaires pour qu'ils puissent juste payer leurs factures. Ils sont totalement conscients de ce qui se passe mais, rendus esclaves par leurs dettes générées par leurs études, ils ont fini par perdre espoir en un avenir meilleur. Parlant d'Obama, ils déclarent : "Autrefois, son métier c'était avocat, aujourd'hui, c'est destructeur de l'Amérique."
Cependant, ils possèdent trois qualités qui pourraient leur permettre de s'en sortir mieux que nous :
1) Ils sont créatifs, dynamiques et leur créativité est encouragée,
2) Ils sont résilients et ne passent pas leur temps dans l'auto-flagellation ou la repentance,
3) Ils aiment leur pays et avouent, sans honte, leur patriotisme.
Bien que n'étant pas habilitée à apporter des solutions, je m'interroge malgré tout : de quoi demain sera t-il fait ? Quel avenir pour nous tous ? Serons nous toujours les victimes d'un monde rendu fou par l'argent et le pouvoir ? La constatation est terrible : beaucoup de nos enfants sont désespérés car ils ne se voient pas d'avenir. Méfions-nous, qu'un jour, ils ne nous demandent des comptes : le déséquilibre du climat, la corruption, l'inégalité des chances, la pollution, la pauvreté galopante, les nouvelles maladies, la malbouffe, le consumérisme... etc.
"C'est vous qui avez fait çà" diront-ils, "Anta Al-Mas'ul". Comment réagiront-ils ? Par les armes ou par la conscience ?
Alors, à quand le réveil ?
Nord Avenue Broadway. Sous le pont Wilson les laissés pour compte du rêve américain. Avenue Wilson, école fermée pour cause de faillite. Toutes les autres photos ont été prises sur une longueur de 1 km de chaque côté de l'avenue Broadway.