/image%2F1067705%2F20150413%2Fob_08c0f4_20140429-230657-1-1-2-1-1-1.jpg)
Autrefois, un chevalier partit guerroyer en Palestine. Il s’attacha tout de suite à ce magnifique pays. Entre deux missions, il aimait, par-dessus tout, déambuler dans les rues animées des villes, où une population bigarrée et joyeuse se pressait.
Un jour, le fier soldat entra dans une boutique pour acheter une pièce de drap. Il la souhaitait de belle couleur et de bonne qualité pour la ramener dans son pays.
Or, à peine avait-il franchi le seuil, que son regard croisa celui d’une splendide jeune fille. Jamais il n’avait vu une telle beauté : ses yeux étaient de braise, sa chevelure de jais et sa taille, fine et élancée. Il se sentit, aussitôt, traversé par le feu incandescent de l’amour. La belle, elle même, ne parut pas insensible au charme de l’étranger.
Dès lors, chaque jour, prétextant des achats d’importance, il revint dans l’échoppe, sous le regard interrogateur du boutiquier, père de la jeune fille si charmante.
Loin d’être stupide, ce dernier comprit tout de suite le manège de ce client si empressé et d’un air avisé, le questionna :
« Pour qui donc toutes ces pièces de drap que vous achetez ? »
« Pour ma mie qui est au loin. »
« Etes-vous si sûr de son éloignement ? Si j’en juge votre regard brillant chaque fois que vous passez la porte, je serai porté à croire qu’elle se tient tout près… »
Le jeune homme, sans peine, avoua sa passion et le père, aussitôt, le mit garde :
« Combien de différences dans nos cultures et nos croyances ! Etes-vous conscient des difficultés qu’une telle union engendrerait ? Néanmoins, si ma fille a quelque affection pour vous, je suis prêt, mon ami, à conclure un marché avec vous. Après tout, je ne désire que son bonheur. »
Là-dessus, le boutiquier s’éclipsa quelques instants et revint, tenant dans ses mains, un étrange objet :
« Ce que vous voyez là, c’est ce que vous-même et vos coreligionnaires cherchez avec tant d’âpreté : la coupe où a été recueilli le sang de votre Maître… Si vous renoncez à ma fille, je vous l'offre. Par contre, si vous tenez à elle, chérissez la pour l'éternité et oubliez le Graal… »
Sans songer une seule seconde à sa mission, le chevalier opta pour les yeux de la belle. Le Graal, quant à lui, avait accompli la sienne puisque l’Amour avait triomphé…
COMMENTAIRE
Ce conte a été donné à une personne qui devait faire un choix. Choix auquel nous sommes tous confrontés un jour ou l'autre : la matière ou l'esprit ? La raison ou l'amour ?
PISTE DE REFLEXION
Le chevalier a t-il fait le bon choix ? Et vous, quel serait le vôtre ? De quel amour s'agit-il ?
CHICAGO, FONTAINE DU TEMPS (Photo de l'auteure).