Une religieuse s’ennuyait ferme dans son couvent. Pourtant, ses journées étaient bien remplies par les prières, les laudes, les chants mais aussi les corvées de cuisine, lavage, jardinage. Certes, sa foi était grande et au début, elle avait vraiment eu conscience de son utilité mais le temps avait passé et elle s’était usée aux tâches quotidiennes. Désormais, elle ressentait un grand vide au fond d’elle-même et malgré les suppliques qu’elle adressait au Ciel, celui-ci demeurait inexorablement sourd et muet.
Alors, une nuit, elle décida de s’évader. L’obscurité était profonde, sans lune ni la moindre étoile pour la guider. Malgré le désespoir qui l’étreignait, elle avait l’étrange sensation de renaître et de respirer à nouveau à l’air libre. Un simple baluchon sur l’épaule, elle avançait sans savoir où elle allait. Parfois, elle avait la tentation de retourner sur ses pas pour retrouver la quiétude de son couvent, mais elle le savait, ce n’était qu’une illusion dont elle serait à nouveau prisonnière.
Au petit matin, elle se retrouva au bord d’une rivière où, dans une barque, un homme
sommeillait. C’était un passeur. Elle le réveilla et lui demanda s’il pouvait la conduire sur l’autre rive, en échange de quelques pièces. Il acquiesça, tout en disant : «Je sais qui vous êtes et d’où vous venez». N’ajoutant pas un mot de plus, il embarqua sa passagère, en l'installant le plus confortablement possible.
Malgré l’étroitesse du cours d’eau, la religieuse eut l’impression que le voyage durait plus que de raison et que le temps s’étirait avec une lenteur désespérante. L’homme, pourtant ramait avec entrain mais, sans cesse, la berge semblait s’éloigner plutôt que se rapprocher. Quand enfin, au midi plein, ils accostèrent au rivage, l’homme souhaita à la jeune femme un bon voyage, en dardant sur elle un regard énigmatique. Malgré une sensation de malaise, elle le remercia et poursuivit sa route sans encombre.
Bientôt, elle se retrouva au pied d’une colline surmontée par trois croix gigantesques. Seule, celle du milieu supportait un supplicié. Elle reconnût aussitôt Celui qu’elle avait tant prié, le Bien Aimé ! Apercevant la jeune femme, Il lui sourit et dit : « Qu’attends-tu pour prendre ma place ? »
Effrayée, la religieuse répondit : « O ! Seigneur ! Dois-je encore souffrir ? »
Mais, le Maître déclara : « Regarde et vois ».
La jeune femme réalisa soudain, que les mains et les pieds du crucifié n’étaient pas cloués, mais juste liés par une fine corde.
« Me libérer sera facile » rajouta le Sauveur du Monde. Alors, rapidement, elle défie les liens qui le retenait.
Descendant de la croix, le Christ remercia sa libératrice, puis ajouta : « La souffrance n’est pas nécessaire et sache combien il est aisé de la transcender. Accepte seulement la Lumière en toi, et tu seras guérie pour toujours. »
Entendant ces paroles, la religieuse jeta au loin tous les voiles qui la limitaient et s’en alla, le coeur léger, vivre pleinement la Joie.
COMMENTAIRE
Ce conte a été donné à une amie qui travaille à "Pôle Emploi" et y vit une vie de sacerdoce au service des chômeurs. Sa vie professionnelle est difficile, mais elle a le moyen de transformer sa situation, ainsi que lui indique ce message, mais comment ?
PISTE DE REFLEXION
Il faut vraiment lire ce conte attentivement car il recèle un sens caché et je dois même dire le secret du christianisme opératif, voire même alchimique. Pourquoi le temps semble t-il suspendu lors de la traversée de la rivière ? Que représentent les "fines cordes" ? Quel rapport avec la physique quantique ? Et pourquoi le symbole de la religieuse ?
GRANDE POSTE HCMC (Photo de l'auteure).