O Mon Bien Aimé ! Pourquoi m’avoir montré Ta Puissance et Ta Gloire ? Pourquoi m’avoir donné à goûter Ta Lumière pour si vite me l’ôter ?
Combien cruel est mon sort, moi qui me suis désaltérée à l’Eau de l’Ineffable et pourtant reste enfermée dans ma prison de chair et de sang ?
Quand me sera-t-il donné de Te revoir ? Ton regard était si doux et Ton Nom si suave à mes lèvres !
Encore et encore j’aurais voulu vivre la Force de Ton Amour ! Pénètre-moi une dernière fois de Ta Splendeur avant que mes yeux ne se ferment à ce monde !
Comme ici bas tout est injuste puisque Tu n’es pas là Mon Bien Aimé !
NE ME REPOUSSE PAS !
Mais soudain un souffle, un murmure ; je le sens, Tu es là, à côté, dans la hauteur, dans la profondeur, au dehors, à l’intérieur.
Ainsi Mon Bien Aimé, le temps n’est point si long à Ta Venue puisque depuis toujours nos cœurs battent à l’Unisson.
COMMENTAIRE
Ce conte est un peu particulier car il ne s’adresse pas à une personne mais à un lieu : Vézelay. J’y ai visité la basilique dédiée à Marie Madeleine. Dans le narthex, j’ai eu soudainement la sensation étrange de décoller du sol et de me retrouver à la hauteur de la statue du Christ. Ses bras étaient largement ouverts et un désir intense de le rejoindre s’est emparé de moi. Ce n’était pas mortifère, loin de là, mais plutôt un ravissement de tout mon être. Le phénomène s’est arrêté brusquement et je me suis retrouvée lourdement plaquée au sol. Quel terrible retour à la réalité ! Mon âme était prête à partir et j’ai ressentie cet abandon comme une trahison. Sans doute, l’heure n’était-elle pas venue pour moi de quitter mon « misérable petit réduit »…
PISTE DE REFLEXION
Dans ce chemin initiatique que rencontre l'âme ? Pour que les cœurs battent à l'unisson, quelle forme géométrique faut-il créer en soi ?
TISSEUSE OUZBEK (photo de l'auteure)