Un centaure, un jour, tomba éperdument amoureux d’une fée aux ailes de libellule.
« Pour te plaire, que puis-je t’offrir ? » demanda, plein d’espoir, l’étrange personnage, moitié homme, moitié cheval.
Sans même réfléchir, voilà ce que la fée réclama :
« Je voudrais un peigne pour lisser ma longue chevelure. »
Immédiatement, le centaure partit en quête dans la prairie et revint avec un chardon bleu. L’objet plût à la belle qui, sans attendre, commença à se coiffer.
Or, pour tout remerciement, son soupirant ne reçut ni baiser, ni caresse mais simplement un long cheveu pris dans les fines mailles du chardon.
« Quoi ! Si petite rétribution alors que j’ai tant à te donner ! » soupira le malheureux.
« J’ai tant à perdre si je t’aime ! Ne le comprends-tu pas ? » s’indigna la jeune fée.
« Pourquoi ma mie ? »
« Je tiens tant à ma beauté fragile et à ma jeunesse ô combien éphémère ! »
Entendant ces paroles funestes, le centaure se piqua le doigt avec une épine. Une goutte de sang perla et se transforma, aussitôt, en un rubis précieux, symbole de ce qui ne peut mourir. Aussitôt, il le remit à sa bien-aimée.
Comprenant alors le sens de cet enchantement, la fée ôta, de son dos, ses ailes de libellule et accepta, enfin, de vivre pleinement l’amour.
COMMENTAIRE
Ce conte a été donné à une femme qui avait beaucoup de difficultés à s'abandonner et à vivre l'amour sans défiance. Elle avait la fâcheuse tendance à intellectualiser sa relation avec son compagnon. La solution pour vivre une union épanouie et heureuse ? Accepter totalement son incarnation, seule façon d'accéder à l'éternité de l'amour.
PISTE DE REFLEXION
Qu’est-ce qui dans ce conte peut faire penser à une spiritualisation de la matière et à une matérialisation de l’esprit ?
OUZBEKISTAN (photo de l'auteure)