Ah ! Combien il avait cherché ! Mais son souffle commençait à s'épuiser.... Las, fatigué, l'homme était bien tenté de baisser les bras.... Il était animé par un désir fou d'amour mais que rien, jusqu'à présent, n'avait pu contenté.
Certes, il avait eu quelques aventures avec de belles demoiselles, des rencontres d'un soir, mais son coeur était demeuré sec, stérile. Parfois, il se comparait à un puits où la noirceur l'avait emporté sur les eaux vivifiantes.
Toutefois, s'il avait regardé attentivement, il l'aurait vue. Mais elle était si petite, si fragile, noyée dans la poussière des jours ! Tous les matins, il passait à côté d'elle, mais sans la voir. Elle avait, cependant, revêtu son habit de lumière. Mais cette lumière n'était - elle pas trop aveuglante, empêchant l'homme de réaliser son espérance ?
Son fardeau était si lourd, qu'il s'en allait inexorablement vers le trépas. Pourtant, quelque chose le retenait encore : un doux parfum qu'il pouvait respirer tous les matins quand il sortait de chez lui. Un parfum si discret qu'il fallait ouvrir pleinement ses narines pour saisir un peu de sa délicatesse. Mais quel réconfort ! Alors, puisant au fond de lui ses dernières forces, il avançait à nouveau d'un bon pas.
L'hiver était sans fin, froid, désespérant. Parfois une petite lueur s'allumait et l'homme reprenait espoir : un regard échangé, une poignet de main un peu plus appuyée, un baiser sur la joue qui s'attardait et l'espoir renaissait. Mais il était de courte durée et comme un mauvais vent, ne laissait derrière lui qu'amertume et chagrin.
Qu'avait -il de si funeste que la fleur de l'amour ne puisse éclore ? Sans cesse, il se remettait en question, cherchant au fond de lui ses terribles fautes. Il avait tellement aimé, tellement donné mais, aujourd'hui, seulement des cendres... Pourquoi ? Cette question lancinante le taraudait, mais pour l'heure, pas de réponse. Parfois, la solitude se faisait si cruellement ressentir qu'il réclamait avec force le néant et la mort.
Pourtant, l'amour était toujours présent, rêve abandonné sur le bord du chemin. Quand le verrait - il ? Ses yeux étaient voilés par l'incertitude de sa destinée. Mais un jour, soudainement, brusquement, son coeur accepta de s'ouvrir à nouveau. Et il finit par la voir...
Petite fleur offerte aux âmes esseulées, elle était là depuis toujours et attendait simplement qu'il se penche sur elle et accepte enfin de respirer les effluves qu'elle exhalait. C'était elle qui lui apportait chaque matin, une bouffée d'éternité. Mais si préoccupé de trouver son âme soeur, qu'il en avait oublié de regarder l'amour insondable, l'amour infini, l'amour glorieux au fond de lui.
Par un simple regard, tout avait changé. Souvent, l'homme était passé à côté d'elle sans même la remarquer ou la foulant aux pieds plus que de raison. Il ignorait, alors, que c'était sa propre âme qu'il blessait. Mais en ce jour de printemps, où la fleur venait d'éclore, une nouvelle aventure commençait pour lui : se découvrir et s'aimer soi même. Enfin...
COMMENTAIRE
Ce conte a été donné à un homme, incapable de trouver l'amour. Bien évidemment, il a cherché, longtemps, mais plutôt que de récolter des roses, il a surtout été blessé par des épines... Celles de la trahison, de l'abandon et de la solitude. Aujourd'hui, il va bien et a réussi à faire la paix avec la vie. Il est toujours seul mais heureux, car il a appris à s'aimer lui même en totalité. C'est le but, non ?
LISBONNE, Portugal (Photo de l'auteure).