A l’époque où Bouddha dispensait son enseignement, il était suivi et adulé par bon nombre de disciples. Bien évidemment, tous l’écoutaient avec dévotion et tentaient d’appliquer à la lettre ses préceptes.
Or, parmi tous ceux qui l’accompagnaient, il y avait un jeune homme dont l’attitude était pour le moins étrange, puisqu'il manifestait un profond ennui. Ses compagnons doutaient de la profondeur de ses convictions et le considéraient avec mépris. Mais il n’en avait cure et il continuait de suivre son Maître, puisque celui-ci ne le rejetait point.
Or, un jour, où toute la troupe traversait un village, le disciple récalcitrant rencontra une jeune fille d’une grande beauté et aussitôt, il en tomba follement amoureux. Il s’exerça alors à séduire la belle et y arriva sans difficulté puisqu'elle paraissait non seulement sensible à ses menus présents mais également à son charme.
Pour le jeune homme, l’heure était venue de demander la main de sa bien-aimée, mais pour cela, il lui fallait le consentement du Bouddha. Averti, celui-ci offrit tout de suite son consentement.
Les autres disciples ricanèrent et demandèrent en choeur :
« Maître, est-ce parce qu’il est le plus mauvais de vos élèves que vous lui accordez si facilement la liberté ? »
Et Bouddha de répondre :
« Détrompez-vous, c’est parce qu’il est le meilleur. »
Tous se regardèrent avec stupéfaction mais le Maître, devançant leurs questions, ajouta :
« Lui seul a trouva la Voie. »
COMMENTAIRE
Ce conte a été donné à une personne que l'on met en garde contre l'ego. Attention ! Quand on est sur un chemin de Vérité, il convient de ne pas tricher ! Mieux vaut une vie profane pleinement authentique qu'un chemin spirituel factice. "On ne peut servir deux maîtres à la fois"... Le Divin et son "petit moi"...
DELTA DU MEKONG (Photo de l'auteure)